San Martin de los Andes, San Carlos de Bariloche, Pichi Traful, Lago Nahuel Huapi, Leleque. Au pied des Andes, la Patagonie n'est pas seulement un assemblage magique de forêts primaires, de rivières poissonneuses et de lac miroirs, elle est aussi une succession de noms qui racontent à eux seuls des histoires, l'histoire des hommes aussi différents que les mapuches, les incas, les espagnols et d'autres européens qui se battirent pour s'approprier une si belle terre.

C'est aussi là que le voyage de nos amis Brandenberger prend prématurément fin, faute d'obtenir de leur loueur de camping-car un véhicule leur permettant de continuer dans des conditions acceptables. Triste fin de partie pour eux, pour nous aussi; mais les six semaines passées ensemble nous laisseront quand même des souvenirs qui effaceront avec le temps cette déconvenue.

Nous nous séparons donc quatre mois plus tôt que prévu. Jocelyne et moi poursuivons notre route en laissant progressivement les montagnes à l'Ouest et en retraversant les steppes d'Argentine à la hauteur de la Péninsule Valdez où nous nous rendons pour assister aux naissances des baleines franches. Mais nous reviendrons rapidement dans les Andes. Elles nous ont trop plu pour que nous n'y retournions pas.

Nous nous arrêterons en passant au Musée Leleque que le Groupe Benetton a réalisé à l'entrée de la grande estancia où il élève des moutons mérinos. Nous décidons de le visiter en faisant abstraction de la controverse à laquelle cette entreprise a donné lieu.

Le musée présente admirablement l'histoire de la rencontre entre les indiens tehuelches (de patagonie en langue mapuche) et les espagnols, de la sédentarisation forcée des indiens et de leur initiation discutable à l'usage des armes à feu et à la consommation d'alcool. Le musée explique aussi à quel point les indiens ont été les perdants de l'indépendance conquise par l'Argentine en s'affranchissant de la tutelle espagnole.

Quant à l'élevage de moutons mérinos du Groupe Benedetton, sans prendre position sur la pertinence écologique ou sociale de l'entreprise, nous nous limitons à relever qu'elle perpétue des pratiques agricoles traditionnelles en donnant du travail et en assurant la formation d'éleveurs qui semblent très contents du projet.

Au niveau économique, tous les cours élémentaires de marketing enseignent qu'il convient de maîtriser au mieux ses sources d'approvisionnement. C'est exactement ce que fait le Groupe Benetton qui, jusqu'à plus ample information, n'est pas une entreprise philanthropique.

A suivre...