Nos chroniques
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E-ELT cinq fois plus large
Nous avions manqué sa visite en septembre dernier, faute d’avoir déposé notre inscription à sa visite assez tôt; mais cette fois-ci, nous nous y sommes pris plusieurs semaines à l’avance. Après avoir visité proche de chez nous le CERN - où les neuchâtelois ont d’ailleurs laissé sans ambition s’en aller le Palais de l’Equilibre d’EXPO 02 - la visite de l’observatoire astronomique ESO (European Southern Observatory) du Paranal était devenu un de nos objectifs les plus chers de notre périple sud-américain. Après l’infiniment petit, l’infiniment grand.
Se plonger au coeur de la recherche scientifique fondamentale, se retrouver dans un des rares lieux où l’humanité démontre sa capacité communautaire, pacifique et généreuse d’agir pour la connaissance en tant que bien commun, c’est une forme de pèlerinage que nous recommandons vivement. Les secrets d’affaires, défense et d’état perdent toute signification dans ces temples du génie de l’homme.
En arrivant, nous étions fiers d’utiliser couramment le vocable VLT. Nous venions en particulier pour visiter un des quatre very large telescopes de l’observatoire. Rendez-vous compte que leur miroir de base mesure huit mètres de diamètre (v. photo du centre), que les quatre VLT sont ainsi disposés qu’en combinant leurs observations il est possible d’émuler celle d’un télescope de cent-vingt mètres de diamètre (v. photo de droite).
La géométrie convexe de ce miroir d’une pièce en aluminium est maintenue avec exactitude par une multitude de pistons. C’est nécessaire quand le télescope bascule pour opérer sa visée, malgré les sept centimètres de son épaisseur. Tous les dix-huit mois il est par ailleurs retiré de son emplacement pour renouveler sa couche d’aluminium par électro-déposition, pour lui maintenir un état de surface le plus lisse possible. C’est de la grosse mécanique oeuvrant avec une précision d’horloger.
A peine la vidéo introductive de la visite commencée, nous comprenons que ce n’est plus le vocable VLT qui peut faire de l’effet dans les salons, mais E-ELT pour European Extremely Large Telescope. Avec l’entrée du Brésil, de l’Inde et des USA dans le consortium de ce télescope du futur, le qualificatif européen n’est plus correct; mais il rappelle que l’astronomie européenne est probablement leader mondial de la discipline. Laissons à d’autres le leadership de l’invasion des astres qui nous touchent presque et mettons nos forces dans celui de l’observation la plus large du cosmos. Une autre vue de la maquette de l’E-ELT figure dans les photos. Vous pourrez constater que si l’humanité est relativement modeste dans le cosmos, les êtres humains sont bien petits au pied de l’E-ELT qu’ils s’apprêtent à construire au Cerro Amazones voisin du Paranal. D’autres photos montrent l’espace artificiel d’eau et de verdure où la centaine de scientifiques résidant à Paranal peut se détendre, l’observatoire est au milieu d’un environnement de cailloux, de sable, de soleil et de vent. Cet espace comme tous les autres construits sont équipés pour contenir la lumière à l’intérieur, pour éviter toute pollution lumineuse pendant la nuit, moment où les télescopes travaillent.
Nous quittons l’observatoire ESO du Paranal reconnaissants à nos politiciens d’avoir voté la participation helvétique à ce projet. Que cette ouverture scientifique de la Suisse au monde continue, nous nous acquittons volontiers des implications fiscales qu’elle suppose.
A suivre...
PS Les photos des maquettes de l’E-ELT ont été tirées de la documentation reçue lors de la visite de l’observatoire. Rendez-vous sur www.eso.org pour admirer les images grandioses capturées par l’observatoire ESO du Paranal. Comme les résultats du CERN, elles sont accessibles au public peu de temps après avoir été obtenues.
15.02.14
Requiem for a Revolution