Nos Chroniques
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Mieux vaut rouler compact, récent et tout-terrain
Pour voyager en camping-car en Amérique du Sud, mieux vaut rouler avec un véhicule compact, récemment construit et tout-terrain. Les dimensions réduites donnent accès à tous les chemins et emplacements. Les risques de panne augmentent proportionnellement à l'âge du véhicule. Les routes les plus intéressantes sont souvent des pistes peu conseillées aux véhicules fragiles.
Tous les nomades d'Amérique du Nord, du Brésil et d'Europe croisés en Amérique du Sud en grand camping-car (CC), le plus souvent très confortables, s'interrogeaient sur le bien-fondé de leur vaisseau. La dimension est généralement le critère du coût des traversées en bac ou en cargo ainsi que des péages routiers. Etre assimilé à un poids lourd est peut-être valorisant, mais allège le porte-monnaie deux fois plus vite que celui des chauffeurs de véhicules légers. On oublie aussi souvent que le poids et les mensurations vont de paire et qu'ensemble ils augmentent aussi singulièrement la facture de carburant et des services mécaniques.
Quand aux bivouacs à l'ombre des arbres et les accès aux chaussées étroites, ils leur sont la plupart du temps impossibles. En revanche, l'impact des rafales de vent multiplié par le carré de sa vitesse, les grands CC en profitent au maximum. Tellement bien d'ailleurs qu'il devient alors impossible de fermer l'oeil de la nuit.
Nous ne critiquons surtout pas les amateurs de CC construits sur des châssis de camions. Il sont d'ailleurs nombreux et le plus souvent de très bonne facture en Amérique du Sud. Nous nous adressons à ceux qui envisagent un voyage en CC et qui se demandent si leur sept ou onze mètres de long est adapté à leur projet.
Mieux vaut un CC récemment construit aussi. Outre le fait qu'un véhicule récent, c'est-à-dire de construction récente et de peu de kilomètres, tombe moins facilement en panne que celui qui a dépassé 200'000 km, si ça doit quand même arriver, il est beaucoup plus facile de trouver sur place les éventuelles pièces de rechange que pour un vieux coucou. On voit certes un grand nombre de vieilles guimbardes, d'aucunes d'ailleurs très joliment restaurées, mais les parcs automobiles des pays d'Amérique du Sud sont principalement composés de véhicules récents, aussi récents que ceux qui roulent en Europe.
Craindre la mauvaise qualité du carburant et des lubrifiants est infondé. Se doter, comme nous, d'un véhicule neuf, mais d'un ancien modèle, dépourvu d'électronique, équipé d'un moteur fonctionnant avec les carburants les moins raffinés et ayant fait ses preuve sur les pistes depuis trente ans ne sert à rien. S'agissant d'une grande marque japonaise connue pour être distribuée dans le monde entier, nous ne pouvons que recommander la qualité de ses agences en Amérique du Sud; mais aucune n'est en mesure de remplacer tous les filtres, à air, à huile et à carburant, aux services. Modèles trop anciens, plus distribués dans le pays avons-nous du nous laisser dire. Et nous n'osons pas imaginer ce qu'il adviendrait si nous devions être amenés à changer une pièce maîtresse. Les tout-terrains les plus croisés en Amérique du Sud: les pickups Toyota hi-lux, Ford Ranger et Chevrolet S10.
Mieux vaut un tout-terrain aussi. Ces véhicules sont construits pour rouler sur des pistes parfois cassantes, pour franchir des secteurs boueux, caillouteux ou sablonneux, pour passer à gué des cours d'eau et pour se hisser hors des routes, où se situent souvent les bons bivouacs. Et passons sur la multitude de ralentisseurs à bande, de rigoles et de seuils qui se transforment en autant d'arracheurs de bas de caisse et de porte-à-faux arrières. Toutes ces difficultés se présentent encore très fréquemment lors d'un voyage en Amérique du Sud, même si le bitume progresse tous les jours.
Nombreux sont ceux qui vous raconteront qu'ils ont réalisé un voyage très réussi en Amérique du Sud avec un CC pas tout-terrain, et ils ont raison; mais demandez leur par où ils ont passé, demandez leur de voir leur CC après le voyage et demander leur quelles casses ils ont subies.
En tous cas, nous nous félicitons du choix d'un camping-car compact, récent et tout-terrain, excepté le modèle trop ancien qui est plus gourmand en carburant que les plus modernes et dont les pièces de rechange sont difficiles à obtenir sur place. Mais nous avons fait de nombreux envieux qui avaient le plus souvent opté pour des solutions il est vrai moins coûteuses, mais qui leur ont réservé un lot de casses nécessitant des talents de bricoleur et de mécanicien qui ne nous appartiennent pas. Nous avons même connu des voyageurs qui ont du abandonner leur véhicule sur place et rentrer, épuisés mentalement et financièrement par les casses répétées. Mais notre voyage n'est pas terminé et nous essayons de nous préparer aux galères de la casse ou du plantage dans la boue que l'avenir nous réserve à nous aussi.
A bientôt sur les routes, si possible pas en galère...
PS D'autres articles techniques suivront.
19.04.14