Nos chroniques
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Un parfum de bout et de fin du monde
Au bord de l'Atlantique, Itaúnas est à une quarantaine de kilomètres de piste de la BR 101, dans l'Etat d'Espirito Santo. Elle est au coeur du parc éponyme visité pour ses singes, ses paresseux, ses chats sauvages et ses tortues. Le parc est une des bases du projet Tamar (tartaruga marinha, www.tamar.org.br) de sauvegarde des tortues marines brésiliennes.
Les visiteurs d'Itaúnas sont certes attirés par le parc, mais ils le sont sans doute davantage par le parfum de bout et de fin du monde qui s'en dégage. Des dunes atteignant une trentaine de mètres avancent inexorablement dans les terres. Le vent souffle le sable dans les ouvertures que lui laisse la forêt (photo du centre) ou par dessus, celle-ci arrivant pourtant jusqu'à l'océan. Telle un torrent, le sable rejaillit de la forêt plusieurs centaines de mètres plus loin, pour former de nouvelles dunes (photo de gauche, l'océan est à droite, de l'autre côté de la forêt) qui progressent en ensevelissant tout.
Le centre d'interprétation du parc présente une photographie (à droite) de la dernière famille qui a quitté l'ancien village dont ne restent aujourd'hui visibles que le haut du clocher de l'église et une maison. C'était il y a à peine plus de vingt ans. Une maman, un papa, trois enfants, un baluchon sur le dos et un siège pliant dans la main droite. Toute la richesse des familles de pêcheurs d'Itaúnas de l'époque, plus leur barque et leur filets, avant que le tourisme ne touche le village et ne permettent à d'aucuns d'améliorer sensiblement leur ordinaire.
Comme à plusieurs reprises déjà au Brésil, nous avons été impressionnés par la qualités des hébergements et des restaurants, par le soin apporté à l'entretien des lieux, par la saveur des mets proposés, par l'hospitalité des gens et, bien sûr, par la musique, même dans les endroits les plus reculés. Comment ont-ils appris à recevoir avec autant d'heureuse inspiration les touristes fortunés venant des grandes villes ou de l'étranger? Comment avons-nous pu perdre chez nous tout ce savoir-faire qu'on ne retrouve presque plus dans nos campagnes ou dans nos montagnes?
En tous cas, faire le tour de la place du village le matin, quand les quelques 2'500 habitants viennent y faire leur marché ou deviser, manger le soir sur une terrasse un poissons à l'étouffée accompagné de riz et de purée de manioc, puis boire un dernier verre de cachaça (alcool de canne à sucre) au bar d'en face, le tout dans une ambiance musicale à la fois douce et rythmée, nous transportent très loin de la vie trépidante de São Paulo et de Rio de Janeiro.
Une plage battue par un océan inlassablement féroce, un vent déplaçant des montagnes de sable, un village et des animaux dont le temps est compté avant de devoir s'enfuir; mais qui nous reçoivent comme si le temps pouvait être arrêté. C'est le bout du monde d'Itaúnas.
A suivre...
16.05.14
The Last Of The Mohicans