L'équateur qui le traverse a donné son nom au pays; mais il en traverse d'autres. Et si le Milieu du Monde de Quito est le lieu où, en 1736, le Français Charles-Marie de la Condamine a effectué les relevés permettant de situer la ligne équinoxiale, il y a plusieurs autres milieux du monde. J'en connais un à Pompaples en Suisse, où l'eau de sa fontaine du 17ème siècle se sépare pour aller se déverser dans la Mer du Nord via le Lac de Neuchâtel, la Thielle, le Lac de Bienne, l'Aar et le Rhin, et, au Sud, dans la Méditerranée via le Lac Léman et le Rhône.

Mais il faut être sur la ligne de l'équateur pour réaliser quelques expériences plutôt amusantes, toutes s'expliquant par le fait qu'en tournant, la terre génère la force dite de Coriolis, en sens opposé dans ses deux hémisphères, et qu'à l'équateur celle-ci est nulle.

La plus connue de ces expériences est certainement celle du sens de rotation de l'eau qui s'écoule dans un trou, dans le sens des aiguille d'une montre dans l'hémisphère sud et dans le sens opposé dans l'hémisphère nord. Sur l'équateur, l'eau s'écoule sans tourner et il suffit de s'écarter d'un bon mètre de chaque côté pour observer le tourbillon dans un sens ou dans l'autre. C'est la première expérience que propose aux visiteurs l'intéressant Museo Solar Inti Ñan.

Une autre, tout aussi connue, est celle consistant à faire tenir un oeuf debout sur sa lune, mais sans user du truc de Christophe Colomb consistant à le casser légèrement. Sur l'équateur, c'est assez facile; alors qu'un mètre de part et d'autre c'est presque impossible.

Une troisième est de marcher en ligne droite, sans tituber, en posant les pieds l'un devant l'autre, le regard tourné vers le lointain. Sur l'équateur c'est presque impossible; alors qu'un mètre à côté c'est aisé pour quiconque ne vient pas d'abuser du pisco.

Une quatrième est de tenir le pouce et l'index collés par leur extrémité, en formant une boucle, et d'empêcher un tiers de les décoller. Facile sur l'équateur, presque impossible dans les hémisphères nord ou sud, à seulement un mètre de la ligne équinoxiale.

Se promener sur l'équateur et faire ses quelques expériences est certes amusant; mais nous avons surtout eu l'impression, totalement chimérique, de sentir tourner la terre et, en quelque sorte, de la chevaucher. Je ne sais pas comment mieux exprimer le sentiment qui nous a habité, le temps de la visite expérimentale de ce grand laboratoire de géophysique.

Avant de nous rendre au Inti Ñan, nous avons visité l'intéressant musée ethnographique de la Mitad del Mundo de Quito qui présente, il est vrai un peu en raccourci, toutes les populations traditionnelles vivant dans des territoires traversés par l'équateur. Une robe amazonienne (photo de droite) en fibre végétale nouée et crochetée a particulièrement retenu notre attention, tant la finesse et l'exactitude du travail étaient grandes et tant l'ensemble seyait bien à la jeune fille la portant sur une photo.

A suivre...