Nos Chroniques
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Vous avez dit terroriste?
Certes, le terrorisme est condamnable et les terroristes doivent être poursuivis et dûment punis. Encore faut-il intervenir au bon niveau et ne pas se contenter de jeter des lampistes à la vindicte publique; sinon le terrorisme aura encore de beaux jours.
Pour Wikipédia, le terrorisme est l'emploi de la terreur à des fins politiques, religieuses, idéologiques ou crapuleuses. J'ajoute à des fins économiques aussi. Certes, attention aux amalgames simplistes; mais osons une approche plus globale que celle ne consistant qu'à arrêter les exécutants des basses besognes terroristes. Par ailleurs, je constate que d'aucuns répondent au terrorisme par le terrorisme; ce qui conduit inexorablement à la guerre et, si personne n'y met fin avant, à la destruction de la société. L'Irak et la Libye en sont de récents exemples, que la Syrie ne soit pas le prochain.
Le terrain de chasse favori des terroristes politiques est celui des démocraties en proie à une sensible dégradation de la redistribution économique, comme c'est malheureusement le cas aujourd'hui de la plupart des pays européens. Les pauvres augmentent, la classe moyenne est surexploitée et les riches sont de plus en plus riches. Le peuple n'a plus confiance dans les institutions, ni dans ses élites, ni non plus dans l'économie. Il cède alors au chant des sirènes démagogiques; c'est-à-dire aux terroristes politiques qui le terrorise à force de noircir la situation et de le plonger dans le désarroi. Quand le peuple atteint un stade suffisant d'aliénation, les terroristes politiques n'ont plus qu'à se faire élire "démocratiquement" pour prendre le pouvoir. La suite est connue quand il s'agit d'Hitler et nous n'avons pas envie de la connaître s'agissant de Blocher, de Le Pen, de Wilders et des autres.
Le djihadisme est sans doute aujourd'hui un des pires terrorismes religieux ou idéologiques auquel les démocraties doivent faire face. Il vise à détruire leurs valeurs laïques et pluralistes; plus généralement, il renie la Déclaration universelle des droits de l'homme. Que celle-ci soit perçue comme une chimère par ceux qui n'ont connu que le mépris et l'injustice est compréhensible. Mais que les terroristes religieux ou idéologiques la transforme en credo des riches et des puissants sans égards pour les plus défavorisés est inacceptable. Cependant, dans les sociétés en perte de valeurs collectives, livrées au libéralisme sauvage et au culte de l'individu roi, les terroristes religieux ou idéologiques embrigadent aisément leurs fidèles en leur faisant miroiter une vie meilleure post mortem, en récompense du sacrifice de leur vie terrestre pour "la bonne cause". L'issue est connue quand il s'agit de Jim Jones, de Jo di Mambro ou d'Oussama ben Laden. Nous n'avons pas envie de la connaître s'agissant d'Abou Qatada al-Filistini, d'Abou Moussad Al-Souri, d'Abou Muhammad Al Maqdisi et des autres.
Mafieux et fonctionnaires corrompus, mais aussi vandales ou encore auteurs de harcèlement, de viols ou d'enlèvements, tous sont des terroristes crapuleux. En bandes ou individuellement, ils sont les plus nombreux à sévir, dans toutes les sociétés humaines. Ils devraient faire l'unanimité contre eux pour l'ignominie de leurs actes, et pourtant ils poursuivent le plus souvent leurs méfaits protégés par l'omerta de leurs victimes, terrorisées par les conséquences d'une rupture du silence ou désabusées par l'impuissance de la justice. Le sous-développement et l'injustice des régions du monde et des quartiers les plus gangrénés par le terrorisme crapuleux sont notoires. Essayons de ne pas en devenir les complices en fuyant nos responsabilités.
La pression exercée par les milieux économiques suisses et les partis politiques qui s'en réclament pour empêcher que la législation pénale ne punisse l'abus de biens sociaux est un exemple concret de terrorisme économique. Le recours éhonté à une main d'oeuvre surexploitée, dans des pays où la protection sociale est quasiment inexistante, est un autre exemple malheureusement courant de terrorisme économique. La mainmise sur les ressources naturelles de régions incapables de les protéger, l'évasion fiscale instaurée en stratégie d'entreprise, la spéculation massive sur des biens existentiels et des entreprises appartenant au patrimoine ou encore les salaires insensés que s'accordent certains dirigeants. Tous ces procédés relèvent du terrorisme économique. Ils engendrent l'injustice, ils menacent les finances publiques, ils épuisent les ressources naturelles et ils font le lit des autres formes de terrorisme. Les catastrophes provoquées par Schwarzman (Lehman Brothers), Bruggisser (Swissair) ou Opel (UBS) ont du être réparées par les pouvoirs publics et l'argent du contribuable. Il est à craindre que d'autres se préparent sous la houlette de Bulcke (Nestlé), de Ghosn (Nissan et Renault), de Glasenberg (Glencore) et de leurs semblables encore aux affaires.
Le terrorisme tue les femmes et les hommes, il détruit les sociétés, il anéantit l'état de droit démocratique, et, il génère l'escalade du terrorisme.
RT, à suivre...
18.11.15